POURQUOI DES ASSEMBLÉES DE CATÉCHUMÈNES



Intervention de Françoise DURAND à une réunion de formation d’accompagnateurs de groupes aux assemblées de catéchumènes en Septembre 1998. Ces assemblées font partie des moyens proposés aux catéchumènes pour avancer dans la Foi, en Église.

Ces assemblées sont des lieux privilégiés où se met en œuvre toute la pédagogie qui inspire le catéchuménat.

Les catéchumènes de tout le diocèse sont invités à se rassembler. Ils découvrent alors qu’ils ne sont pas seuls mais nombreux, dans une grande diversité d’origine, de culture, d’appartenance sociale, d’insertion géographique…Dans cette diversité, ils sont sur le même chemin : celui de la recherche de Dieu, de la Foi. Les assemblées veulent leur offrir l’expérience de cette diversité comme une richesse et par là, les introduire dans l’expérience de l’Église, communion de tous ceux qui croient en Jésus-Christ, lieu où s’instaurent des liens de fraternité entre les croyants.

Un des moments importants de nos rencontres se situe dans le temps de partage en petits groupes : il s’agit de permettre que, dans un petit groupe d’une dizaine de personnes, la parole circule. Les sciences humaines nous ont appris l’importance qu’une parole soit dite pour que ce que quelqu’un pense puisse sortir du flou, de l’indéterminé, prendre corps en lui. Nous nous appuyons sur cette conviction pour favoriser la circulation de la parole entre les catéchumènes. Mais sur le terrain, notre tâche catéchuménale ajoute un certain nombre de modalités.

 

1 - Lorsque nous entrons dans le domaine de la foi, en christianisme, nous entrons dans le domaine de la Parole. Il ne suffit pas de le dire, il faut encore donner à un catéchumène une possibilité de l’éprouver et d’en ressentir les effets en lui. Et comment cela pourrait-il se faire s’il ne fait pas l’expérience de lieux où cette parole s’échange ? Dans ce lieu d’échange, le catéchumène fait un triple apprentissage :

L’apprentissage de l’écoute et découverte que ce que l’autre dit est porteur de l’Évangile, qu’il éclaire son interlocuteur, qu’il lui fait voir des aspects de la foi qu’il n’aurait pas trouvé seul.

L’apprentissage à oser sa propre parole. On ne croit bien que si on a pu dire comment on croit, en quoi on croit. Dans les paroisses, il y a des tas de chrétiens baptisés qui sont restés en fait des “ immatures ” de la foi, parce qu’il n’ont rien appris sinon à redire ce que d’autres leur ont enseigné. Leur parole n’est pas personnelle, elle n’est pas le fruit de leur expérience.

L’apprentissage de la liberté : à travers la diversité d’expression, une possibilité est ouverte à chacun de se dire et de trouver sa propre place, dans le respect de celle des autres.

 

2 – La Parole donne accès à l’expérience de l’Église et à celle de l’Esprit Saint. Une communauté croyante est une communauté qui trouve son fondement dans l’accueil de la Parole de Dieu, dans le partage de ce que dit cette Parole, de son retentissement dans les cœurs, des fruits qu’elle porte chez ceux qui la reçoivent. C’est une certaine conception de l’Église qui est mise en œuvre, lieu de débat, où la Parole est donnée d’abord au plus pauvre, dans la foi que l’Esprit inspire tout le monde, et particulièrement les simples, qu’Il parle à travers eux. C’est une telle Église que nous cherchons à promouvoir dans un service diocésain : une communauté de foi qui naît du partage et de l’échange et qui engendre une fraternité entre tous. Les catéchumènes qui ont parfois honte de n’avoir pas été baptisés, découvrent qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils ne sont pas une exception : cela les conforte et suscite des relations nouvelles entre eux.

 

3 – Enfin, nous avons la conviction que de tels échanges participent modestement mais réellement à l’humanisation dans notre société : pour bien des gens, il est difficile et rare de participer à un groupe, de consacrer un samedi après-midi à quelque chose de gratuit, à autre chose que faire des courses, de rencontrer et de parler avec des personnes avec lesquelles ils n’auraient jamais eu l’occasion d’être en relations, venant de tous quartiers. Ces assemblées sont une sorte de plate forme qui contribue à faire se rencontrer les diversités qui existent dans la cité, à ce qu’elles échangent entre elles, à ce qu’elles vivent dans en harmonie, dans le respect mutuel.

“  La parole fait partie du mouvement de la vie et, donc, de la foi dès qu’elle vit. Une foi qui n’agit pas, est-ce sincère ?, d’accord. Mais une foi qui n’a rien à dire, est-ce une foi bien née ? Quels sont les mots qui viennent aux lèvres des nouveaux croyants ? En particulier comment se forment en eux les mots de la “ confession de foi ” ? Quels sont les lieux ou les points du “ credo ” où la recherche de la formulation se fait plus précise ? Si nous parvenions à saisir ainsi les mots dans leur jaillissement à partir d’une recherche vécue ”…(M.L. GONDAL, Commencer ou recommencer à croire, p.110)

Les accompagnateurs qui recueillent ces mots savent combien ils en sont nourris dans leur propre foi.



Françoise DURAND



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