POURQUOI DES ASSEMBLÉES DE CATÉCHUMÈNES
Ces assemblées sont des lieux privilégiés où se met en
œuvre toute la pédagogie qui inspire le catéchuménat. Les catéchumènes de tout le diocèse sont invités à se
rassembler. Ils découvrent alors qu’ils ne sont pas seuls mais nombreux, dans
une grande diversité d’origine, de culture, d’appartenance sociale, d’insertion
géographique…Dans cette diversité, ils sont sur le même chemin : celui
de la recherche de Dieu, de la Foi. Les assemblées veulent leur offrir l’expérience
de cette diversité comme une richesse et par là, les introduire dans l’expérience
de l’Église, communion de tous ceux qui croient en Jésus-Christ, lieu où s’instaurent
des liens de fraternité entre les croyants. Un des moments importants de nos rencontres se situe dans le
temps de partage en petits groupes : il s’agit de permettre que, dans un
petit groupe d’une dizaine de personnes, la parole circule. Les sciences
humaines nous ont appris l’importance qu’une parole soit dite pour que
ce que quelqu’un pense puisse sortir du flou, de l’indéterminé, prendre
corps en lui. Nous nous appuyons sur cette conviction pour favoriser la
circulation de la parole entre les catéchumènes. Mais sur le terrain, notre
tâche catéchuménale ajoute un certain nombre de modalités. 1 - Lorsque nous entrons dans le domaine de la foi, en
christianisme, nous entrons dans le domaine de la Parole. Il ne suffit pas de le
dire, il faut encore donner à un catéchumène une possibilité de l’éprouver
et d’en ressentir les effets en lui. Et comment cela pourrait-il se faire s’il
ne fait pas l’expérience de lieux où cette parole s’échange ? Dans
ce lieu d’échange, le catéchumène fait un triple apprentissage : L’apprentissage de l’écoute et découverte que ce
que l’autre dit est porteur de l’Évangile, qu’il éclaire son
interlocuteur, qu’il lui fait voir des aspects de la foi qu’il n’aurait
pas trouvé seul. L’apprentissage à oser sa propre parole. On ne croit
bien que si on a pu dire comment on croit, en quoi on croit. Dans les
paroisses, il y a des tas de chrétiens baptisés qui sont restés en fait des
“ immatures ” de la foi, parce qu’il n’ont rien appris sinon
à redire ce que d’autres leur ont enseigné. Leur parole n’est pas
personnelle, elle n’est pas le fruit de leur expérience. L’apprentissage de la liberté : à travers la
diversité d’expression, une possibilité est ouverte à chacun de se dire
et de trouver sa propre place, dans le respect de celle des autres. 2 – La Parole donne accès à l’expérience de l’Église
et à celle de l’Esprit Saint. Une communauté croyante est une communauté
qui trouve son fondement dans l’accueil de la Parole de Dieu, dans le partage
de ce que dit cette Parole, de son retentissement dans les cœurs, des fruits qu’elle
porte chez ceux qui la reçoivent. C’est une certaine conception de l’Église qui
est mise en œuvre, lieu de débat, où la Parole est donnée d’abord au plus
pauvre, dans la foi que l’Esprit inspire tout le monde, et particulièrement
les simples, qu’Il parle à travers eux. C’est une telle Église que nous
cherchons à promouvoir dans un service diocésain : une communauté de foi
qui naît du partage et de l’échange et qui engendre une fraternité entre
tous. Les catéchumènes qui ont parfois honte de n’avoir pas été baptisés,
découvrent qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils ne sont pas une
exception : cela les conforte et suscite des relations nouvelles entre eux. 3 – Enfin, nous avons la conviction que de tels échanges
participent modestement mais réellement à l’humanisation dans notre
société : pour bien des gens, il est difficile et rare de participer à
un groupe, de consacrer un samedi après-midi à quelque chose de gratuit, à
autre chose que faire des courses, de rencontrer et de parler avec des personnes
avec lesquelles ils n’auraient jamais eu l’occasion d’être en relations,
venant de tous quartiers. Ces assemblées sont une sorte de plate forme qui
contribue à faire se rencontrer les diversités qui existent dans la cité, à
ce qu’elles échangent entre elles, à ce qu’elles vivent dans en harmonie,
dans le respect mutuel. “ La parole fait partie du mouvement de la vie
et, donc, de la foi dès qu’elle vit. Une foi qui n’agit pas, est-ce
sincère ?, d’accord. Mais une foi qui n’a rien à dire, est-ce une
foi bien née ? Quels sont les mots qui viennent aux lèvres des
nouveaux croyants ? En particulier comment se forment en eux les mots
de la “ confession de foi ” ? Quels sont les lieux ou les
points du “ credo ” où la recherche de la formulation se fait
plus précise ? Si nous parvenions à saisir ainsi les mots dans leur
jaillissement à partir d’une recherche vécue ”…(M.L. GONDAL,
Commencer ou recommencer à croire, p.110) Les accompagnateurs qui recueillent ces mots savent combien ils en sont
nourris dans leur propre foi.
Intervention de Françoise DURAND à une réunion de
formation d’accompagnateurs de groupes aux assemblées de catéchumènes en
Septembre 1998. Ces assemblées font partie des moyens proposés aux
catéchumènes pour avancer dans la Foi, en Église.
Françoise DURAND